
Point de gestion du mois d’octobre
Il est étonnant de constater comme la psychologie des investisseurs est redondante. Nous précisions le mois dernier que septembre était historiquement un mauvais mois avec une baisse de notre indice CAC 40 de -2.4%. Ce constat étant à relativiser, car octobre était historiquement un bon mois boursier. Nous venons d’en avoir la démonstration, car l’indice national affiche un gain de +4.76%. La période de publication des résultats d’entreprises doit jouer son rôle dans ce postulat. Pour l’heure les publications sont bonnes voire excellentes. L’écrasante majorité des grands groupes a publié des résultats au-dessus des attentes. Notons au passage que Tesla fait son entrée dans le club très fermé des entreprises valant plus de 1000 milliards de $. Exception cependant, quelques stars ont déçu à l’image d’Amazon, Apple ou Facebook. Étonnamment, les raisons divergent totalement. La hausse des salaires et les difficultés de recrutement aux États-Unis pénalisent les bénéfices sur les ventes d’Amazon. Les difficultés d’approvisionnement pénalisent les ventes d’Apple tandis que les scandales et la tourmente de la sécurité des données des utilisateurs entachent le bilan de Facebook (qui sort d’ailleurs pour l’instant du club des entreprises qui valent plus de 1000 milliards $ ; quelle honte !).
Néanmoins les bons résultats du reste des élèves témoignent que la croissance reste bien présente et soutenue. La France affiche un gain de +3% du PIB sur le trimestre. Il faut remonter en 1968 pour retrouver un tel chiffre. Je vous parle d’un temps que les moins de 53 ans ne peuvent pas connaître…
Cette croissance devrait perdurer et c’est plutôt une bonne chose. Elle sera évidemment moins forte, car nous avons bénéficié de l’effet rebond post-confinement, mais elle devrait se poursuivre. Nous n’allons pas vous reparler de l’inflation, cela fait depuis la newsletter de février que l’on vous explique le mécanisme. Je vous propose néanmoins un aparté sur le prix des carburants. Il existe aujourd’hui autant d’économistes qui vous diront que l’inflation est transitoire que d’autres qui vous expliqueront qu’elle sera durable, il y a bien cependant un consensus sur le fait que les énergies fossiles ne baisseront pas et devraient continuer d’augmenter. C’est plutôt une mauvaise nouvelle pour votre passage à la station-service.
Pour cause, la crise mondiale de l’énergie résulte d’une longue période de sous-investissement dans les énergies fossiles (depuis 2016, pour le pétrole) et d’une politique de transition énergétique encore confuse alors que la demande progresse plus rapidement que prévu. Les investisseurs institutionnels ont aujourd’hui déserté tous placements de capitaux dans les énergies polluantes au motif qu’il faut montrer patte verte aux épargnants. Dès lors les industries pétrolières n’ont de choix que le financement avec leurs fonds propres et leurs recettes. Coup de chance pour le secteur, les prix sont autoadministrés par l’OPEP et la Russie. Faute de capitaux extérieurs, ils maintiendront un prix du baril élevé pour assurer la rentabilité de leurs activités. Comme la croissance est au rendez-vous puisque vous avez suivi, il y a donc de la demande.
Nous avons donc l’équation suivante : croissance + forte demande + je fais mes prix tout seul + je n’ai pas le choix pour financer mon activité = prix à la pompe qui flambent ! CQFD
Heureusement pour nous, l’État providence veille. L’État distribue l’argent gratuit que lui fournissent les banquiers centraux grâce à des taux d’intérêt négatifs. Un super pouvoir pour les Avengers du gouvernement aux manettes du pays champion du monde de la dépense (et de l’impôt au passage). Nous avons eu la semaine dernière le chèque inflation de 100 € pour les gens à moins de 2000 €/mois (les autres sont riches). Les jeunes de 16-25 ans vont avoir leur chèque insertion de 500€ / mois. Je passe les innombrables dispositifs d’aide de la période COVID et les plans de relance. Les milliards semblent tomber du ciel. Le tout est financé par la dette et cela ne semble déranger personne…
Est-ce réellement un problème ?
Oui et non en réalité. On évoque souvent le montant de la dette en milliards comme une fatalité. Le vrai sujet étant la soutenabilité de cette dette et non le montant. L’État sera-t-il en mesure de financer son remboursement ? Imaginons un instant que l’État soit un particulier et que votre banquier vous propose de vous prêter 100 000 € à un taux de 0% sur 20 ans pour réaliser un investissement locatif (peu probable au passage). Si votre investissement locatif vous rapporte 6.5% par an, le remboursement de votre crédit vous semblerait-il difficile ? Probablement pas. Le principe est le même pour un État sauf que son rendement est la croissance de son PIB. Autrement dit, tant que la croissance nominale du pays est supérieure au taux d’emprunt, la dette n’est pas un sujet. Aujourd’hui les taux d’emprunt d’État à 10 ans sont à 0% et la croissance cette année devrait être autour de 6.6%. Résultat, nos Avengers du gouvernement en profitent pour raser gratis… C’est la croissance qui paie la note (pour l’instant). Le danger survient si les taux remontent ou si la croissance ralentit plus fortement que prévu. Cela ne semble préoccuper personne pour le moment. Historiquement, les périodes de forte croissance permettent un désendettement. Cela redonne de la capacité d’intervenir par la dette lorsque cette croissance ralentit. Nous arrivons à faire le contraire : forte croissance + fort endettement ! wait and see…
Tactique d’allocation :
Dans ce contexte de cycle nouveau qui se dessine, nous conseillons d’être investit plutôt en valeurs value et sur des fonds à thématiques mixtes. Nous appelons cela « Blend » dans le jargon. Ce sont des investissements équilibrés entre valeurs de croissances (type Tesla, Apple, Amazon, LVMH) et des valeurs plus cycliques (Total, Renault, Arcelor…). Nos derniers arbitrages d’assurance vie vont dans ce sens.