Point de gestion du mois de juin

Point de gestion du mois de juin

Mots fléchés : Inflation, récession, fragmentation.

Le contexte

  • L’approvisionnement en gaz de l’Europe est menacé
  • Un rationnement pourrait devenir nécessaire. Cela entrainerait une forte récession.
  • Les banques centrales poursuivent la hausse des taux.
  • Le pic d’inflation semble sur le point d’être passé.

La récession semble inévitable

Ce qui n’était pas notre scénario principal il y a plusieurs mois avance maintenant à grands pas. La banque mondiale vient de réviser ses prévisions de croissance pour 2022 à 2.9%. L’anticipation à la fin de l’année dernière donnait une croissance de 4.1%. Dans le même temps, la banque fédérale d’Atlanta (qui produit énormément de données économiques) prévoit avec l’un de ses indices maison un recul de 2.1% du PIB américain pour le second trimestre. Si la projection se concrétise, les États-Unis seraient officiellement en récession. Le premier trimestre ayant déjà été très légèrement négatif.

Nous n’y sommes pas encore pour l’Europe ni pour le monde entier, mais rappelons que les US ont pris des mesures fortes pour lutter contre l’inflation très rapidement. L’Europe emboitera peut-être le pas dans le courant de l’année prochaine. La récession n’est pas dramatique en soi. Ce qui compte c’est sa durée et sa profondeur. Si l’économie recule légèrement pour mieux repartir par la suite, c’est plutôt un élément souhaitable. C’est la théorie du « soft landing ». Une récession courte et un redéménage en ordre.

Il faut y opposer le « hard landing » avec une récession longue et un enchevêtrement sans arriver à retrouver une croissance positive (scénario de type 2008). Les données économiques ne laissent rien présager d’une telle ampleur à ce jour.

La menace énergétique

Attention néanmoins, pour l’Europe qui subit une inflation liée en grande partie à une crise énergétique. Les sanctions contre son premier fournisseur d’énergie, la Russie, positionnent les États importateurs dans une situation très délicate.

Rappelons qu’en 2019, l’Europe importait 30% de son pétrole et 40% de son gaz de Russie. Les proportions visent à se réduire aujourd’hui. À long terme, cela ne pose pas vraiment de problème. Les enjeux sont à court terme pour la reconstitution des réserves pour l’hiver prochain. Un arrêt brutal des livraisons de la Russie provoquerait un recul de l’ordre de 2% du PIB allemand. La première économie de la zone euro entrainerait les autres pays dans une récession plus forte que ce qu’anticipent les marchés actuellement.

Objectif inflation 

Les banques centrales poursuivent leur hausse des taux avec pour objectif la désinflation. Les marchés à terme anticipent des taux à 10 ans US à 3.45% à la fin de l’année avec une baisse pour 2023. C’est bon signe ! Cela sous-entend que la politique monétaire serait efficace et que le marché pense qu’une relance de la croissance sera nécessaire avec des taux qui baissent dans le courant de 2023.

En Europe les taux devraient commencer à remonter à partir de juillet. Le défi sera de mettre en place un système anti-fragmentation des pays de la zone euro. Le terme est barbare, mais comme toujours l’explication est simple.

Lorsque la BCE augmente ses taux directeurs, les taux longs de chacun des pays de la zone euro n’augmentent pas de la même manière. Les taux longs ne sont pas dictés par la BCE, mais par le marché. Ils augmentent en grande partie en fonction de la notation de crédit du pays. Dès lors, le taux à 10 ans italien augmente plus que le taux à 10 allemand par exemple (les investisseurs ayant moins confiance dans l’état italien qu’Allemand, ils demandent plus de rémunération). C’est ce que l’on appelle le spread (écart) de crédit.

La hausse des taux est indispensable en zone euro, mais le risque est de mettre au tapis les pays les moins bien notés, qui sont au passage souvent les plus en difficulté. C’est pourquoi la BCE planche sur un programme permettant d’augmenter les taux tout en limitant l’écartement du spread de crédit. Nous n’en avons pas fini avec les tours de magie des banquiers centraux.

N’hésitez pas à jeter un œil sur nos autres articles ou sur notre page linkedin