Point de gestion du mois de juillet
Un été pour préparer l’hiver
Le contexte
- L’activité économique poursuit son ralentissement en Europe et aux États-Unis
- L’approvisionnement en gaz de l’Europe est toujours menacé.
- Les actions rebondissent après la chute du mois de juin.
- La croissance chinoise au plus bas depuis 40 ans.
L’économie en vacances…
Le mois dernier, nous vous annoncions que la banque mondiale avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale. Le FMI lui emboîte le pas avec une projection de croissance mondiale à 3.2% cette année et 2.9% l’année prochaine. Dans le même temps, l’inflation est quant à elle révisée à la hausse à 6,6% dans les pays développés et 9,5% dans les pays émergents. On ne vous fait plus de dessin, vous en connaissez les causes par cœur.
Ce qui est important dans l’interprétation de ces chiffres, ce n’est pas tellement le niveau en absolu, mais plutôt la tendance. Dans le cas présent la tendance est à la baisse. Gardez en tête pour les projections qu’une inversion de la tendance avec des révisions à la hausse sera favorable pour l’économie. Le niveau des chiffres est important pour les économistes, mais importe moins pour l’évolution des marchés financiers.
Les indicateurs avancés de l’économie (indicateurs qui permettent d’anticiper les chiffres de croissance) pointent également vers le bas. La conclusion est évidente, les économies ralentissent et il va falloir inverser la vapeur pour que l’environnement reprenne des couleurs.
Les États-Unis ont terminé un second trimestre de croissance négative, ce qui les place en récession. Comme dans chaque période de crise, la situation est assez extraordinaire. Joe BIDEN a refusé de qualifier son économie en récession. En effet, le taux de chômage est au plus bas et le pays au plein emploi. La France qui n’est pas en récession aimerait pouvoir afficher le même bilan. Nous comprenons la position de Joe BIDEN. On voit rarement un pays en récession ET au plein emploi…
Un point positif dans tout ce tableau, les ralentissements économiques et les anticipations de récession, ont fait baisser le prix des matières premières. Conjuguée avec les relèvements de taux des banques centrales, l’inflation devrait progressivement entamer sa décrue.
Quand la Russie sanctionne l’Europe.
Souvenez-vous dans notre dernier point mensuel, nous faisions allusion à la hausse insolente du rouble qui venait contrarier les discours de mise au tapis de l’économie russe. À court terme, c’est la Russie qui semble avoir les cartes en main. L’ultra dépendance au gaz russe d’une grande partie des pays de l’Europe, avec l’Allemagne en tête, laisse planer une épée de Damoclès . En effet, les Russes viennent d’annoncer la réduction des livraisons de gaz par nord Stream 1 à 20% des capacités. Comme il faut toujours un motif valable, c’est la maintenance d’une turbine en réparation au Canada qui en serait la cause. Le Canada ayant reçu ladite turbine sans motif de dysfonctionnement à réparer…
Bilan des courses, la Russie joue avec les nerfs des Européens en restant maître de l’énergie sur le continent. Le prix du gaz a été multiplié par 5 en un an. L’arrêt brutal des livraisons viendrait mettre un coup de grâce aux économies de la zone euro déjà bien affaiblies par le contexte.
Les vagues de sanctions contre la Russie n’ont pas effondré l’économie comme cela nous avait été promis. Une grande partie a été compensée par les recettes sur les livraisons en énergies. La coupure du système de paiement bancaire Swift qui devait être l’arme nucléaire économique a été contournée en un claquement de doigts avec l’obligation de payer les livraisons en roubles.
Certes les sanctions pèseront à long terme sur l’économie russe, mais les enjeux sont à quelques mois et c’est bien Poutine qui semble avancer ses pions habilement.
Ce ne sont pas les fermetures de McDo, de magasins de Luxe, de Décathlon ou encore la vente des usines de fabrication Renault à 1 rouble symbolique qui vont générer un black-out de l’économie russe. Pas plus que le blocage des avoirs de quelques oligarques. Avez-vous déjà mesuré l’impact sur la croissance française de l’exile fiscale de Yannick Noha ? Ou encore de Gérard Depardieu ? Parti en Russie…
En essayant d’avoir une vision un peu contrariante de la réalité et en prenant de la hauteur, il y a fort à parier que la Russie ne paiera probablement jamais le prix fort des sanctions que nous essayons d’appliquer. Comme nous vous le disions, les vagues de sanctions auront des effets certains à long terme. Cependant, la guerre en Ukraine ne durera pas éternellement. Elle finira par se terminer et dans ce cas de figure, la géopolitique aura la mémoire très courte. Nous reprendrons très prudemment, mais sûrement nos achats de gaz et hydrocarbures à la Russie. Ils coûteront bien moins cher que ceux acheminés par bateau. Entre la morale et la défense du pouvoir d’achat des pays développés, le choix sera très vite tranché.
Nous vivons cette triste hypocrisie en ce moment même avec le prince Mohamed Ben Slimane (MBS) d’Arabie Saoudite. Rappelons que MBS a fait découper en 2018 le journaliste Jamal Khashoggi dans une ambassade avec la même discrétion qu’un AL Pacino dans Scarface. Cela n’a pas empêché Joe Biden de se rendre en Arabie Saoudite il y a quelques jours pour essayer de négocier une augmentation de production des quotas de pétrole afin de limiter l’inflation. Cela n’a pas empêché le président Macron de le recevoir en France pour lui demander une augmentation des livraisons de pétrole vers la métropole.
Les présidents français et américain avaient pourtant déclaré le prince MBS comme paria et juré de le faire payer le prix fort au moment des faits.
L’énergie est la seule ressource qui permette aux peuples de sortir de la pauvreté et de se développer par la suite. Nous n’avons pas d’inquiétude quant au fait que le président POUTINE passera avec habileté d’ennemi à partenaire économique.
C’est l’été, rien de tel qu’un bon plongeon.
La première vague de canicule a dû faire surchauffer les cerveaux des investisseurs. Après les ventes massives d’actifs risqués en juin, le mois de juillet a permis un rebond des bourses. Il fallait bien reprendre un peu d’air lorsque les idées se sont remises en place. Les publications des résultats des grandes entreprises au deuxième trimestre sont plutôt bonnes compte tenu du contexte. Les prévisions des bénéfices pour le prochain trimestre n’anticipent pas de dégradation importante des résultats. Il n’en aura pas fallu beaucoup plus pour que les traders et gérants comprennent que la fin du monde n’était pas pour cet été.
Nous avons une reprise des actions en zone euro de +7.43% sur le mois de juillet et de +9.22% aux États-Unis. Cela nous rappelle à quel point l’investissement est une affaire de long terme et qu’il faut en accepter la volatilité. Les mouvements de court terme (quelques mois ou semaines) sont bien souvent les conséquences de comportement et de la psychologie humaine. Seule une échelle de temps longue permet d’intégrer les réelles tendances fondamentales.
Le dragon s’est rendormi.
Nous étions contents le mois dernier de constater que notre pari sur la Chine commençait à payer. Que nenni ! Nous voilà revenus à la case départ. Fanfaronner en bourse n’est jamais bon…
Toujours embourbé dans une gestion de la crise sanitaire alternant confinement, déconfinement et restrictions, la Chine peine à remettre l’usine du monde à plein régime. Les perspectives de croissance sont au plus bas depuis 40 ans. Ajoutons à cela les tensions actuelles au sujet de Taiwan avec les États-Unis. Il faudra attendre encore pour le retour de la dynamique chinoise.
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