Point de gestion du mois de janvier
Un début d’année en rouge.
L’année débute dans la tourmente. Attachez vos ceintures car la volatilité est de retour, à un niveau que beaucoup d’investisseurs semblaient avoir oublié.
Nous avons fait un tour d’horizon des grandes classes d’actifs qui affichent toutes du rouge pour ce début d’année. Ce n’est pas un très bon signe car, historiquement, le mois de janvier est plutôt un bon mois boursier qui donne le tempo pour l’année qui se profile :
- Actions Zone Euro : -4.28%
- Actions US : -5.36%
- Actions Asie émergentes : -2.42%
- Obligations souveraines Euro : -0.66%
- Or : – 0.77%
- Pour le plaisir : -11.43% pour le NASDAQ (valeurs technologiques américaines)
Les banques centrales prises au piège ?
Les préoccupations principales n’ont pas changé. L’inflation inquiète, elle s’élevait à 7% en janvier (rythme de progression annuelle) aux États-Unis. Ajoutez à cela une crise géopolitique avec la Russie et l’Ukraine et des prévisions de croissance qui pourraient être revues à la baisse. Vous obtiendrez une bonne dose de sinistrose des investisseurs et des décrochages parfois violents des marchés actions.
Sur le sujet de l’inflation, la FED (Réserve fédérale américaine) est dans un dilemme difficile à arbitrer. L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Il faut donc agir pour la faire retomber. La solution passe par une hausse des taux. Le principe est simple, en augmentant les taux, on freine la croissance. Ce coup de frein ralentit la demande et les prix s’ajustent en conséquence. Mais voilà, comme nous vous le mentionnons plus haut, les perspectives de croissance une fois le rattrapage post-covid effectué montrent des signes de ralentissement. Si le coup de frein porté par la FED est trop brutal, le risque est de faire basculer son économie en récession…
Pas simple pour nos banquiers centraux qui, rappelons-le, annonçaient en début 2021 une l’inflation qui ne serait que transitoire… Les prévisionnistes anticipaient fin de l’année dernière que la FED procéderait à trois hausses de taux de 0.25 points de base en 2022. Ce même consensus table désormais sur 4 à 5 hausses de taux de l’ordre de + 0.25 à 0.5 points de base. La donne change considérablement. Nous avions l’année dernière une anticipation de taux pouvant remonter de + 0.75 sur l’année avec aujourd’hui un scénario à + 1.5 voire + 2.5 dans l’hypothèse la plus pessimiste.
Statistiquement ce sera une année difficile.
L’année s’annonce donc difficile. Lorsque nous avons une configuration de hausse des taux obligataires accompagnée de ralentissement économique, le principe veut que l’on conserve du cash. Il n’y a pas de classe d’actifs qui génère de la performance dans cette situation. Il faut donc être prudent et utiliser ses réserves à bon escient.
Historiquement, lorsque la FED a procédé à trois hausses de taux dans une année, la performance des actions américaines sur l’année a été de + 3% contre une moyenne historique à + 9%. Essayons de voir le verre à moitié plein et dressons un constat sur la situation :
- Pour commencer, nous pensons qu’une très grande partie des éléments que nous vous avons décrits sont déjà intégrés dans les prix des marchés actuels. Ils ont pris note tout comme nous de ces mauvaises nouvelles. Elles sont déjà en grande partie « pricées » par le marché comme on dit dans le jargon.
- La confiance des consommateurs est en baisse, conséquence directe de la montée des prix. Cela devrait contribuer à réduire la demande et faire baisser l’inflation à terme.
- La croissance a été forte dans tous les pays développés. Nous avons même le chiffre qui vient de tomber en France avec +7% sur 2021. C’est un effet rattrapage après -8% sur l’année 2020, mais il n’est pas concevable d’avoir une croissance de 7% sans une hausse des prix. C’est donc un effet de base normal. Nous n’aurons pas +7% tous les ans, les mécanismes d’emballement devraient donc revenir à la normale. Pour que la hausse des prix soit durable, il faut que les salaires suivent. Si les prix augmentent, mais que les agents économiques n’ont pas les moyens de suivre, ils retombent mécaniquement. Pour le moment la hausse des salaires surtout en Europe ne suit pas.
- Enfin, les plans de relance et les politiques budgétaires de « quoi qu’il en coûte » des États ont été consommés. Aux États-Unis le dernier plan Biden a du plomb dans l’aile. Toutes les mesures de dépenses d’États a caractère inflationniste sont difficiles à justifier. La France est le dernier pays à distribuer de l’argent gratuit. C’est normal, nous sommes dans une année électorale…
Ralentissement de la croissance n’est pas récession.
Pour le moment nous maintenons notre stratégie en privilégiant les thématiques « value » (valeurs dont les valorisations sont plus faibles). Nos modèles ne laissent pas entrevoir de risque de récession élevé pour les prochains mois aux États-Unis. Nous resterons très attentifs sur les indicateurs de croissance.