Point de gestion du mois d’août
Le mois d’août n’est pas forcément le plus palpitant pour le milieu des affaires. Les marchés financiers ne font pas exception. Nous avons eu un petit trou d’air vers le 19 août puis tout est reparti de l’avant : « business as usual », les marchés actions ont repris leur marche forcée vers de nouveaux sommets.
Néanmoins, nous l’évoquions dans la newsletter du mois précédent, la mécanique de la croissance semble montrer quelques signes de faiblesse. Mais bon, « si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé » disait Alan Greenspan l’ancien patron de la banque centrale américaine. C’est un peu le jeu auquel se prêtent les banquiers centraux aujourd’hui. Vous connaissez la chanson maintenant, si le rebond de l’économie a été violent, si la croissance a été soutenue, si les taux sont à 0 voire négatifs, si la crise du covid a augmenté le pouvoir d’achat des ménages, si les entreprises ont moins fait faillite en pleine crise qu’en temps normal, c’est uniquement parce que les banques centrales inondent le monde de liquidités. Les États s’endettent à l’infini et compensent à l’euro près les dysfonctionnements.
Cependant, l’inflation s’envole et nos banquiers centraux pataugent entre deux eaux. Ils ne peuvent pas remonter les taux brutalement au risque de laisser les États dans l’impossibilité de soutenir leurs dettes et ils ne peuvent pas laisser l’inflation s’envoler. Le problème de cette inflation que nous évoquons depuis le début de l’année, c’est qu’elle devait être temporaire. Nous sommes en septembre et l’inflation continue de grimper : 5% aux USA, 3% en zone euro. Nous vous rappelons que la cible idéale est à 2%.
Le diable se cachant dans les détails, nos banquiers centraux ont changé leur discours, l’inflation n’est plus temporaire, mais devient transitoire. La grande question c’est de savoir pendant combien de temps peut-on rester dans une situation transitoire… Le pari est risqué.
Nous pensons que la vérité se situe comme souvent à la croisée des chemins. Il y a une grande part de l’inflation qui est due à des problèmes d’approvisionnement provoqués par le redémarrage des économies. Globalement, le ménage qui a changé sa voiture avec son épargne forcée accumulée pendant le confinement ne va pas en acheter une nouvelle 6 mois plus tard. D’un autre côté, il y a des facteurs inflationnistes plus structurels qui ne reviendront pas en arrière. Les problèmes de recrutement notamment sur les emplois peu qualifiés aux États-Unis entrainent une hausse des salaires. Les salaires quand ils augmentent n’ont jamais vocation à baisser. Le constat se retrouve en France également. La restauration par exemple peine à recruter. Il devient difficile de retourner faire le service et la plonge lorsque l’on vient de passer un an avec son salaire en restant chez soi. La solution pour attirer du monde est simple : augmenter le salaire pour redonner de l’attractivité.
L’autre gros dossier qui pousse nos banquiers centraux à la prudence sur la remontée des taux pour réduire l’inflation, c’est bien évidemment la situation sanitaire. Le variant Delta continue de mettre à mal les pays qui n’ont pas réussi à vacciner massivement.
Que faire dans cette situation ? Nous pensons qu’il faut rester investit, car le train continue d’avancer et en sauter reviendrait à se mettre hors-jeu. Nous privilégions les actifs qui sont sensibles à l’inflation (banques, matières premières). Nous gardons du cash pour pouvoir exploiter les excès de volatilité. Lorsqu’il est difficile de savoir sur quel pied danser, le mieux est de rester équilibré dans son exposition entre valeurs de croissances et valeurs cycliques.