Lettre du mois de juillet

Lettre du mois de juillet

Points importants :

• Le paradoxe de l’inflation
• La Tech US en apesanteur
• Tour d’horizon immobilier
• Des marchés financiers hétérogènes

Le contexte

Le contexte macroéconomique reste relativement identique. Nous avons d’une part la lutte contre l’inflation qui reste la priorité affichée des banquiers centraux. D’autre part, les investisseurs continuent de se demander si l’objectif des banques centrales de ramener l’inflation à 2% ne va pas mettre les économies au tapis. Pour l’heure, les indicateurs d’activités en Europe et aux États-Unis tiennent à peu près… Le tableau n’est donc pas tout noir.

Cela permet aux indices actions de se tenir proche de leurs sommets. Une ombre au tableau que nous allons détailler. Moins de 10 entreprises en Europe et aux États-Unis captent presque 100% de la performance… Après le succès Nvidia que nous avons abordé le mois dernier qui a rejoint le club des entreprises à plus de 1000 milliards de $ de capitalisation, nous allons voir la sucess story d’Apple. L’adage boursier : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » ne s’applique pour Apple qui approche désormais la lune !

Enfin, nous terminerons cette newsletter par un nouveau détour rapide sur le marché de l’immobilier. Le pouvoir d’achat des acquéreurs fond comme neige au soleil. Cependant, les prix ne s’ajustent pas de manière homogène dans l’hexagone.

L’inflation baisse, mais elle monte aussi : explications

Pour bien comprendre, l’inflation mesure l’ensemble de l’évolution des prix. Cependant, il existe un indice appelé Core Inflation (inflation cœur) qui mesure cette même inflation pour laquelle on retire les prix les plus volatils (énergie et alimentaire). C’est ce chiffre qui sert de boussole pour la politique des banquiers centraux et le core inflation baisse beaucoup moins vite. Il a même de nouveau progressé sur le mois écoulé…

Inflation en zone euro : (inflation globale appelée aussi « headline »)

Les prix les plus volatils viennent « parasiter » la lecture de l’inflation. Ils montent et baissent très rapidement. La baisse de l’inflation que l’on observe entre octobre et juin et essentiellement liée à la baisse du prix des matières premières qui avaient flambé avec le début du conflit en Ukraine. Les données de l’inflation cœur donnent un signal légèrement différent.

Inflation cœur en zone euro : (appelée également « inflation sous-jacente »)

Le risque d’une inflation cœur qui ferait de la résistance trop longtemps est que les banques centrales seraient contraintes de maintenir des taux élevés plus longtemps. Les taux plus élevés ayant pour seul et unique but de restreindre l’activité économique afin de refroidir l’économie.

Une histoire à 3000 milliards de $

Il est difficile de se représenter la somme de 3000 milliards de $, mais c’est bien la capitalisation atteinte par Apple. Le chiffre est stratosphérique et témoigne de la force de l’image de marque d’Apple dans un secteur pourtant très concurrentiel.

Afin de pousser la comparaison, le PIB estimé de la France est d’environ 2800 milliards de $ pour 2023. Apple pèse donc plus que l’activité économique de la France sur une année. La comparaison est certes décalée et ne conclue pas à grand-chose en soi, mais cela donne une idée de la taille de ce géant de la Tech américain.

Il y a bien un domaine où la France rivalise avec Apple. C’est au niveau de la dette française qui a dépassé pour la première fois de son histoire le cap des 3000 milliards d’euros. Nous avons bien réussi à trouver un domaine où l’on excelle pour battre les champions du numérique…

L’immobilier à 89 422 €

C’est l’apport moyen pour une acquisition immobilière qu’il faut désormais présenter à votre banquier. Cet apport a triplé en 2 ans. Nous continuons de vous tenir informé des évolutions du marché de l’immobilier, car c’est d’une part l’actif préféré du patrimoine des Français et c’est également un véhicule d’investissement très pratique pour décorréler le risque de marché d’une allocation de placements.

Seulement le marché de l’immobilier traverse actuellement une passe difficile. Ce n’est pas le Krach. Du moins pas sur les prix. D’ailleurs, cela ne le sera probablement pas. Cependant, les volumes de transactions continuent de baisser fortement d’abord dans le neuf, mais aussi dans l’ancien.

Les causes sont bien identifiées : une hausse très rapide des taux et un accès au crédit fortement freiné par les banques.

Pourquoi les prix ne baissent-ils pas plus vite ?

Nous cessons de le répéter, l’immobilier et particulièrement la partie résidentielle est un actif (très) lent. Le marché s’ajuste, mais très progressivement. Lorsqu’un vendeur ne trouve pas d’acquéreurs, il conserve son bien… Seules les ventes contraintes sont réalisées par des ajustements de marché (Offre VS Demande) dans un premier temps. Il faut qu’un premier flux de transactions soit réalisé pour débloquer les perceptions ancrées sur la valeur des biens.

Les taux ayant monté très vite, les prix n’ont pas baissé dans les proportions identiques à la même vitesse. Résultat, le pouvoir d’achat des acquéreurs baisse fortement (voir illustration). De plus, le marché est très disparate. Ainsi, l’indice des prix immobilier a baissé de 1.9% sur Paris depuis le début de l’année alors qu’il a progressé de 1.8% en zones rurales…

La Fédération Nationale Immobilière (FNAIM) estime que les prix devraient s’ajuster de 5% sur l’année. Pour le réseau Century 21, il faudrait une baisse de 12% pour que le marché retrouve une fluidité des transactions et des valeurs en lien avec les capacités des acquéreurs.

Pas de krach donc, mais une baisse en bonne et due forme pour un retour à la normale. Rappelons que les prix ont augmenté de plus de 30% ces 10 dernières années. C’est donc un ajustement qui corrige une anomalie engendrée par les taux négatifs.

Si vous êtes vendeur, mieux vaut tenter de trouver rapidement un acheteur. Le temps joue actuellement en votre défaveur sur la valeur de votre bien. À l’inverse, le temps permet à l’acheteur d’ajuster sa proposition en accompagnant la baisse du marché.

Pour consulter l’article des Echos : Immobilier : les Français ont perdu 18 m2 en pouvoir d’achat depuis 2022 | Les Echos

Point de marchés :

Je vous invite à découvrir un nouvel acronyme : MANAMAT pour Meta (Facebook), Alphabet (Google), Nvidia, Apple, Microsoft, Amazon, Tesla. Ces 7 mercenaires de la bourse réalisent presque 100% de la performance du S&P 500. Rappelons que le S&P 500 est composé des 500 plus grandes capitalisations de la bourse américaine.

Nous pouvons donc créer un nouvel indice, le S&P 493 qui affiche une performance de 0% depuis le début de l’année… Ce constat témoigne de la performance en trompe-l’œil des bourses en 2023. En retirant le luxe européen et le segment technologie US, le reste de la cote n’a quasiment pas performé.

Nous pouvons tirer deux constats :

  • Un rattrapage des valeurs qui n’ont pas bougé est possible à moyen terme.
  • Les valorisations sont erronées avec ratio cours sur bénéfice du CAC 40 de 14 (correspondant à sa moyenne historique). Ce même PER passe à 9 (très décoté) en retirant les valeurs du luxe !

Il est très difficile de suivre la performance indicielle lorsqu’elle est concentrée sur 2 secteurs. Le risque spécifique est trop important pour que les gérants actions tentent de s’en rapprocher.

*Les performances passées de sont pas un bon indicateur des performances futures.

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