Editée par Mickael HILBÉ
La déprime bat son plein sur le mois d’octobre pour les investisseurs. Les perspectives de résultats des entreprises commencent à fléchir, les taux longs resteront élevés et les catalyseurs d’une amélioration sont aux abonnés absents. Pour autant, c’est souvent quand la planète finance a le moral dans les chaussettes qu’il faut saisir des opportunités. Dernière preuve en date, le discours plus apaisant de la banque centrale américaine (FED) qui a permis de lancer le mois de novembre sous de meilleurs auspices.
Les publications du T3 des entreprises cotées battent leur plein et les résultats commencent à décevoir. Jusqu’à présent, les résultats étaient en ligne avec les attentes du consensus et tout le monde guettait le moment où le ralentissement économique se ferait sentir dans l’activité des grands groupes. Il semblerait que ce trimestre marque le point de cette inflexion avec une reconnexion des résultats et du contexte économique.
Tout n’est pas noir, mais les révisions de profits (profit warning dans le jargon) sont plus nombreuses. Ce qui dérange les analystes et les investisseurs professionnels c’est le manque de visibilité sur les projections de résultats annoncés. Comme vous le savez, les marchés anticipent le futur. Rien de mieux que des prévisions de résultats pour se projeter dans de bonnes conditions. Ce point fait défaut aujourd’hui. Beaucoup de publications laissent des perspectives qui sont soit en baisse soit plus nébuleuses qu’escomptées.
Un exemple très concret avec LVMH qui annonce une normalisation de son rythme de croissance du résultat. Rien d’affolant à cela, mais c’est symptomatique. Le champion du luxe avec une croissance du CA habituellement à deux chiffres annonce une normalisation à 9%.Par ailleurs, nous allons voir que le moindre faux pas se paie très cher.
Nous assistons à un phénomène nouveau sur les grandes bourses avec des baisses historiques sur des titres qui sont pourtant des géants internationaux. Voici les baisses constatées en une seule journée sur de grands groupes lors de l’annonce des résultats :
Toutes ces entreprises figurent au sein de l’indice CAC 40, regroupant les fleurons français. Des baisses de cette ampleur arrivent normalement sur des valeurs de plus petites tailles lorsqu’une fraude ou un risque de faillite ou encore une remise en cause totale du business modèle se fait sentir. Même à l’annonce des confinements pendant le COVID, les sanctions n’étaient pas aussi lourdes en une seule journée de bourse sur les compagnies aériennes ou les pétrolières.
Cela témoigne de deux choses symptomatiques du contexte :
Ce second point montre que les contreparties sont absentes lorsqu’un mouvement se met en place. En d’autres termes, lorsqu’un titre est vendu, il n’y a pas d’acheteur en face. Les grosses mains (fonds d’investissement, assureurs, fonds de pension, etc…) n’investissent pas sur les baisses des titres. De fait, les chutes se font en ligne droite.
Le taux d’emprunts d’États à 10 ans aux États-Unis a franchi symboliquement le seuil des 5% avant de retomber sur des niveaux compris entre 4.60% à 4.80%. Cela témoigne du phénomène que nous mentionnions le mois dernier, les taux devraient rester à un niveau élevé pour un temps certain. Nous pensons néanmoins que les taux réels étant repassés positifs (différence entre le taux directeur et l’inflation), le point haut est certainement atteint ou très proche.
La FED devrait s'accommoder de maintenir un taux réel légèrement positif afin d’éviter une résurgence de l'inflation. Elle le fera très certainement en pilotant son discours en soufflant le chaud et le froid en fonction des données macroéconomiques. Cela écarte pour le moment l’hypothèse de nouveaux relèvements des taux courts.
Vous comprendrez aisément qu’entre prêter de l’argent à l’État américain avec un taux garanti à 5% pendant 10 ans ou prendre le risque d’investir le marché actions pour éventuellement gagner 9% en prenant le risque de perdre 40% en une séance ; les investisseurs tranchent vite le moindre doute sur une valeur…
Comme tous les mois, nous faisons un tour du marché immobilier. Il faut bien noter qu’il existe plusieurs marchés de l’immobilier avec des disparités fortes de l’un à l’autre. Le marché résidentiel qui intéresse souvent les particuliers poursuit son repli. Il y a un écart qui se creuse entre les grandes villes en repli et les zones rurales qui résistent bien à la hausse des taux.
Voici l’évolution de l’indice des prix de l’immobilier (IPI) de meilleursagents en partenariat avec le journal Les Echos :
Cependant, comme nous l’avions mentionné en décembre dernier en annonçant la baisse probable à venir de l’immobilier non coté, nous regardons le marché des grandes foncières cotées. Il est intéressant, car il nous donne souvent un signal avancé de l’état du marché immobilier qui va se répercuter sur les actifs non cotés.
Évolution sur un an de l’immobilier coté Europe IEIF :
Nous constatons un fort rebond depuis le point bas atteint en octobre des foncières européennes. Il est encore trop tôt pour crier victoire avec un retournement de marché, mais le retour des investisseurs sur cette classe d’actifs est un point intéressant. Il signe peut-être la fin d’une capitulation sur le segment et un retour progressif de l'intérêt pour l’immobilier des institutionnels. Nous allons surveiller cette évolution de près. Un retournement significatif signifierait une fin probable des baisses sur l’immobilier non coté à un horizon 12 mois environ.
Après les fortes baisses des bourses en septembre, le mois d'octobre signe une poursuite du recul des actifs. Les investisseurs préfèrent conserver du cash bien rémunéré et patientent. Ils plébiscitent les actions de qualités offrant de la visibilité et se retirent massivement et violemment dès que le moindre doute s’installe.
Notons que le discours rassurant de J.POWELL directeur de la FED a permis un rebond des indices en ce début de novembre. La mécanique de ralentissement de l’économie ne s'efface pas pour autant, mais la détente sur les taux longs engendrée par le discours plus accommodant du patron de la FED permet de faire baisser légèrement les taux. L’intégralité des marchés aujourd’hui est extrêmement dépendante de la trajectoire des taux.
PERFORMANCE DES PRINCIPAUX ACTIFS en devises locales | |||
Actifs | Indice | Sur 12 mois | Sur 1 mois |
Actions de la zone euro | S&P Euro | 12,99% | -2,23% |
Actions des Etats-Unis | S&P 500 | 10,14% | -2,11% |
Actions Asie pays émergents | S&P Asia pays Émergents | 14,90% | -3,65% |
Obligations de la zone euro | S&P Euro obligations souveraines | -1,49% | 0,79% |
Obligations US | S&P US bonds du trésor | 0,17% | -0,49% |
Immobilier Europe IEIF | IEIF | -9,76% | -3,03% |